A la Façon de ....

 

 

L'homme. Il est là. Quelque part tapis dans l'ombre. Elle ne distingue que ses yeux. Elle n'a pas peur. Juste un peu froid peut-être. Il est l'homme de la nuit. C'est ce qu'il dit du moins. Un pas. Il vient à elle. Ne pas penser. Juste éprouver. Il la regardait. Sa tête blonde et bouclée d'ange n'était pas faite pour un corps si ramassé, mas il adorait le contraste d'un jeune corps dru et mal équarri et d'un séraphique visage qui faisait dire aux dames de ce pays des Landes qu'elle était jolie comme un tableau. Vierge de Raphaël qui eut été ragote, elle émouvait chez lui le meilleur et le pire, l'incitait aux hautes pensées comme aux basses délectations. Déjà son cou, sa douce gorge luisait de moiteur. Des cils indéfinis ajoutaient à la chasteté des longues paupières sombres : visage encore baigné de vague enfance, virginité des lèvres puériles... Jamais la petite comtesse n'avait pensé qu'elle pourrait un jour suivre un homme. Il l'a faisait boire et elle buvait coup sur coup pour s'animer, bien qu'elle se sentît étourdie dès les premiers verres. Elle se sentait étrangement émue par ce lieu suspect, agitée, contente, un peu souillée mais vibrante. Deux valets graves, muets, habitués à tout voir et à tout oublier, à n'entrer qu'aux instants nécessaires et à sortir aux minutes opportunes, allaient et venaient vite et doucement. L'homme, moi, j'avais peur de le faire, peur qu'elle acceptât. Moins le quart se mit à sonner. La première note vibra, mesurée et tranquille, sérieuse et péremptoire, vidant le lent silence pour faire place à la note suivante. Il se dégageait une odeur poignante et morte dont j'ai tant horreur. Rien qu'en imaginant le bouquet d'arbres, il me semblait entendre des murmures, des désirs secrets, sentir le battement du sang chaud sous des chaires sauvages et offertes. Il faut se tenir éveillé pour voir le mal s'accomplir pendant quelques instants. L'embrasser... Elle gisait là à ses pieds, bientôt elle lui appartiendrait pour toujours. Mais le doute, lancinant, si présent. Maître, ho Maître pourquoi, pourquoi m'as-tu sorti du néant ? Suis-je un mythe, une réalité ? Si seul malgré mes frères. Cruelle destiné, sublime éternité. Je vous aime et je vous hais.

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Cher frères Caïnites,

 

Et plus particulièrement vous, vous les Toréadors, vous qui vous nommez artistes. Je ne doute pas de vos dons, je m'interroge simplement quant à la démonstration. Je suis Ventrue, mais l'Art en général et la littérature m'a toujours passionné. Et j'en donne preuve. Voici le texte, je vous mets au défit de reconnaître au moins 3 des 5 auteurs auxquels j'ai emprunté le style...

 

 

Thaïs Von Schlienger

Nouveau-Né du Clan Ventrue